Mi-poète, mi-échec

A demi sortie de l'enfer

Je porte officiellement la robe de la femme battue. J’ai un coquard sur l’oeil gauche, des hématomes pleins les bras, des bosses sur la tête. Je me fais martyriser psychologiquement et verbalement. Je suis une pute, une pétasse, une moins que rien et ma vie vaut moins que celle de son chien. L’appartement est coupé en deux, je n’ai pas le droit au salon, seulement à la chambre. Quand je suis dans le salon on me dit "Au tapis". Alors pourquoi diable me manque-t-il ? Pourquoi j’ai encore espoir qu’il soit meilleur ? Le monde entier me dit de partir. Lui-même me dit de partir. Alors ça y est, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis partie. Mais je lui parle encore. Je l’aime encore énormément. Comment peut-on aimer quelqu’un qui nous inflige tous ces sévices ?

Je porte officiellement la robe de la femme aimée. Il travaille dur pour nous nourrir mon fils et moi. Quand je rentre d’une longue journée de travail, j’ai droit à un massage sur tout le corps. Il fait des efforts pour me câliner alors qu’il n’est pas tactile du tout. Il essaie de garder son calme alors que tout s’écroule autour de nous. Il me parle d’une voix rassurante quand j’ai peur la nuit. Il mène la barque avec le gosse quand je suis trop fatiguée.

Je parle de la même personne. Comment fait-il pour être aussi dissonant ?